Festival Holi 2012


Nous quittons l’Asie du Sud-Est pour rejoindre le sous-continent Indien.

Première étape, New Delhi. Arrivés par le vol de 23h en provenance de Kuala Lumpur, nous passons le contrôle de passeports sans encombre, ayant organisé nos visas trois mois auparavant.

Le temps de retirer nos premières roupies, nous embarquons dans un taxi en direction de notre guesthouse idéalement située à coté de la gare centrale. Cela n’est pas un hasard, le but étant d’effectuer le trajet Delhi-Mathura le lendemain matin via le train de 6h15 afin d’arriver à temps pour le début de Holi, le Festival des Couleurs.

Chaque année début mars, le jour de pleine lune marque le début du festival. Le pays se transforme alors en un véritable terrain de jeu où les habitants s’aspergent de poudres colorées et de peintures : du vert pour l’harmonie, du rouge pour l’énergie et l’amour, de l’orange pour l’optimisme …

Il existe pas mal de légendes concernant cette fête. Certaines disent qu’elle symbolise la victoire du bien sur le mal, d’autres encore qu’un personnage hindou fut jaloux du teint de son épouse, il mis alors de la couleur sur son visage pour paraître plus beau. Mais peu importe la réelle histoire, l’essentiel est de s’amuser.

Durant les quelques jours qui précèdent Holi, le pays commence petit à petit à se préparer. Les villes s’habillent de belles décorations et les marchands vendent toutes sortes de poudres de couleurs. Il faut que tout soit prêt à temps.
Le but de cette fête est bien sûr que tout le monde soit coloré de la tête au pied ! Personne ne sera épargné, surtout pas ceux qui sont propres et qui n’ont encore aucune couleur sur leurs vêtements.

Ayant préparé le coup plusieurs mois à l’avance, Thomas avait décidé qu’on passerait le festival à Mathura. Autrement dit dans l’épicentre du festival, la région de naissance du Seigneur Krishna. C’est précisément là-bas, ainsi qu’à Vrindavan, dans la région de Braj située en Inde du Nord, que le festival est célébré avec le plus de ferveur. Pèlerins et touristes hindous affluant par milliers dans cette petite ville de campagne. Ou plutôt village car Mathura ne compte que 300,000 habitants. En Inde, le mot « ville » n’est utilisé qu’à partir d’1 million. La métropole de Mumbai par exemple, une des villes les plus peuplées au monde, compte plus de 22 millions d’habitants.

Mathura Train Station

Nous arrivons à Mathura vers 9h00. La gare est bondée, nous sommes les seuls blancs qui sortent du train. Tous les regards sont sur nous, avec nos deux gros sacs à dos. Nous avions réservé un hôtel à l’avance. Arrivés sur place, l’hôtel est totalement différent des photos affichées sur le site. La chambre est dans un état déplorable. Cheveux sur les couvertures, taches sur les draps, traces noires sur les murs. Ok, c’est le deuxième séjour de Thomas en Inde et il avait eu l’occasion de préparer un peu Anne-Marie mentalement, mais pour le prix qu’on paie (environ 25eur par nuit, bien au delà de notre budget habituel) on s’attendait quand même à quelque chose de mieux afin de commencer notre séjour dans les meilleures conditions, surtout avec ce qui nous attend durant les deux jours qui viennent. Le site affichait : douches et wifi. Au lieu de ca, pas d’Internet ni de douches. Plutôt un robinet, un seau et une petite bassine. Pas le peine de râler, le staff parle à peine anglais et de toute façon la chambre est déjà payée.

On décide d’aller faire une petite ballade en direction du marché afin d’y trouver des foulards histoire de se protéger le visage pendant le festival. A peine avoir fait 100m, nous sommes « attaqués » par une dizaine d’enfants, de 8 à 15 ans, armés de bouteilles en plastique remplies de peinture bleu marine. Inutile de dire qu’on ne s’y était pas préparés. Nos vêtements sont recouverts de peinture. On en a plein sur le visage et les cheveux d’Anne-Marie n’ont pas été épargnés non plus. C’en est trop pour elle qui décide de rebrousser chemin. Il faut dire qu’après la courte nuit de sommeil (4h), le trajet en train, la chambre en piteux état, l’attaque des enfants et le fait d’être, jusqu’à présent, les seuls blancs dans une ville où les habitants n’en voient que très rarement et vous fixent de haut en bas au moindre passage, il y avait mieux comme début en Inde…

Nous retournons à l’hôtel pour nous changer et utiliser ce qui nous sert de douche. La seule fois où, en raison des circonstances, on aurait vraiment eu besoin d’une douche, pas de bol c’est une bassine et un seau !

Durant l’après-midi, Thomas ressortit de l’hôtel afin d’aller repérer les alentours. Fort heureusement, il avait acheté à Bornéo une protection en plastique pour son appareil photo. Elle s’avéra plus qu’utile le lendemain !
En chemin il tombe sur Yosh, un photographe professionnel Japonais, en voyage depuis 2 ans. Apres avoir fait le tour de l’Afrique et être passé par des zones à hauts risques telles que l’Egypte, le Sud-Soudan, ou la Somalie, il vient d’arriver en Inde et espère y prendre de magnifiques photos pour le magasine qui l’emploie.

Rendez-vous pris avec Yosh pour le lendemain matin. Direction Vrindavan et le temple de Banke Bihari, dédié à Krishna.
La nuit se passa plutôt bien, le lit étant assez confortable.

Réveil à 8h. Le temps de s’équiper de vieux vêtements (ils seront inutilisables par la suite) et de couvrir l’appareil photo, nous rejoignons Yosh à son hôtel. Nous prenons un tuktuk pour Vrindavan. En chemin, les festivités ont déjà commencé. Plein de gens sont déjà couverts de couleurs, de la tête aux pieds. Arrivés sur place, c’est le carnage. Les rues sont extrêmement agitées, on voit des nuages de poudre colorée surgir de partout. Evidemment, il ne faudra pas trois secondes pour se faire repérer. En moins de deux minutes, nous sommes couverts de couleurs. Des rassemblements de 10 à 20 personnes se forment autour de nous. Certains veulent nous prendre dans leurs bras, d’autres nous serrent la main en nous lançant des « Happy Holi », la plupart veulent nous toucher et nous mettre de la couleur sur le front. Ca n’arrêtera pas pendant les trois heures qui suivront. Nous essayons désespérément de nous frayer un passage à travers la foule afin de rejoindre le temple de Banke Bihari. Les rues très étroites sont noires de monde (ou plutôt fortement colorées). Pas d’échappatoire au cas où de la poudre se glisse dans nos yeux. Heureusement, on avait prévu le coup et Anne-Marie est munie de lunettes de protection. La plupart des couleurs utilisées sont naturelles mais certaines contiennent des agents chimiques et peuvent donc être très nocives pour la peau et les yeux.

Nous arrivons finalement à l’entrée du temple. Apres avoir retiré nos sandales, nous pénétrons à l’intérieur. C’est la folie totale, les gens chantent, dansent et s’aspergent de fleurs et d’eau colorée. Quelqu’un nous invite à le suivre à l’étage afin d’avoir une meilleure vue et d’y prendre des photos. L’ambiance est exceptionnelle et on a du mal à se rendre compte de ce qui se passe, ainsi que de la chance qu’on a s’assister à cet évènement. Thomas a pris une courte vidéo que vous pouvez visionner ci-dessous.

A l'intérieur du temple Banke Bihari, Vrindavan

Nuages de poudre rouge

Au milieu de la foule

Apres une bonne demi-heure intense, les esprits commencent à se calmer et les gens quittent petit à petit le temple. La deuxième cérémonie de la journée est prévue à 14h00. C’est la plus important mais on nous déconseille d’y assister, surtout les femmes. En effet, certains profitent du festival pour boire beaucoup d’alcool ainsi que des boissons à base de marijuana connues sous le nom de bhang lassi).

Anne-Marie en a fait l’expérience à ses dépends. Alors que nous quittons le temple, certains jeunes d’une vingtaine d’année en profite pour se donner à des attouchements inappropriés. Nous comprenons alors que la situation peut facilement dégénérer en compagnie d’une femme. Nous parvenons à trouver un petit établissement ouvert afin de s’y reposer, de reprendre nos esprits, et de nous remplir le ventre.

Anne-Marie et son premier Thali

Un habitant du coin...

Nous repartons en direction de Mathura en début d’après-midi. Sur le chemin du retour, nous faisons la connaissance de 4 jeunes américains, étudiants à l’Université de Varanasi, et couverts de couleurs eux ici. Nous décidons de les accompagner jusqu’à leur hôtel. Une fois sur place, nous sommes chaleureusement accueillis par les membres du personnel. Boissons fraiches, délicatesses indiennes, sourires et « Happy Holi » à tout va.
Nous demandons l’avis du personnel concernant le fait de ressortir dans les rues l’après-midi et ils nous confirment qu’il vaut mieux éviter de ressortir dans l’après-midi, cela peut devenir dangereux par endroits en raison des quantités d’alcool consommées par une minorité.
Nous passerons donc la fin de la journée au balcon de l’hôtel à échanger nos histoires de voyages, Thomas en profitant à plusieurs reprises pour ressortir sa caméra dans la rue afin de photographier les passants.

Locaux a moto

Enfants de Mathura

Poudres colorées

Baba

Nous passons la soirée dans le restaurant de l’hôtel. Au menu, spécialités de l’Inde du Nord : murgh mussala (poulet grillé dans un mélange de tomates et d’onions), gosht korma (incomparable curry d’agneau épicé au safran, à la fleur de muscade et au cardamome) et mutter paneer (petits pois et fromage). Un véritable délice qui conclut une journée haute en couleurs.
Le lendemain nous sommes partis en direction d’Agra afin d’y admirer le Taj Mahal. Nous y faisons la rencontre de Vikram, le conducteur du tuk-tuk organisé par la guesthouse et qui nous attendait à la gare. Celui-ci nous emmena en ballade dans la ville à la rencontre des plus beaux monuments d’Agra. Le Taj Mahal étant fermé le vendredi, nous serons contraints d’y revenir le lendemain matin. Vikram connaissait la ville comme sa poche et est quelqu’un qui adore sa ville et souhaite la faire partager de la meilleure façon aux touristes qui croisent son chemin. Nous visiterons entre autre le Fort Rouge et la tombe d’Itimad-Ud-Daulah (aussi appelée le Baby Taj en raison de la ressemblance).

Fort d'Agra

Nous clôturons la journée par un passage à l’arrière du Taj Mahal, de l’autre coté de la rivière Yamuna.

A l'arriere du Taj Mahal

Le lendemain matin, nous nous levons de bonne heure afin d’arriver à temps pour l’ouverture de la porte ouest du Taj Mahal mais surtout pour le lever du soleil. Arrivés sur place, la file est déjà longue. Au moins 100 personnes font la file pour les tickets et le double attend déjà devant la porte. On fait la file comme tout le monde mais le soleil brille déjà dans le ciel alors que nous pénétrons dans l’enceinte du Taj Mahal. Peu importe, le spectacle est éblouissant. C’est la deuxième fois que Thomas le voit mais ca fait le même effet qu’à la première. Nous faisons le tour du monument et prenons des dizaines de photos. Anne-Marie est impressionnée par les motifs floraux gravés dans le marbre blanc.

Agra est beaucoup plus bruyante que Mathura. Ca grouille de partout et les voitures partagent la route avec des milliers de tuktuks, de pousse-pousses et des éléphants ! Heureusement nous logeons dans une petite guesthouse à l’écart du centre-ville. Chambre double, salle de bains, douche (!) et petit jardin commun. Le tout pour 10eur. Vikram nous emmena le soir dans un restaurant réputé et pas cher. Repas excellent, éclairé à la bougie.

Nous partons demain pour le Rajasthan et la ville de Jaipur. Début d’un petit parcours qui nous emmènera à Pushkar, Udaipur et Ahmedabad, entre autres, avant de partir rejoindre le Kerala, dans la pointe sud de l’Inde. On a malheureusement du faire l’impasse sur la région Nord de l’Himachal Pradesh et les villages de Manali et Leh, dans l’himalaya, où les températures avoisinent les -5 degrés.
Happy Holi !

2 thoughts on “Festival Holi 2012

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